Montreux et les personnalités

A travers les siècles, Montreux, ville de culture, a accueilli de nombreuses célébrités. Quelques unes sont présentées ici.

Piotr-Ilyich TCHAIKOVSKI

(1840-1893) Compositeur

Notes biographiques

Né à Votkinsk, ce compositeur fécond n’entre pourtant qu’à 22 ans au conservatoire de St-Petersbourg qui vient d’être créé par Anton Rubinstein. Après une tentative de mariage qui échoue à cause de son homosexualité, il fuit la Russie, se réfugie à Genève puis à Montreux-Clarens. De cette époque date l’abondante correspondance qu’il entretient avec une veuve fortunée, Nadejda von Meck, qu’il ne croisera que deux fois de manière fortuite, mais qui lui versera dès lors, et jusqu’à sa mort, une pension qui lui permet de se consacrer entièrement à la création musicale.

Tchaikowsky séjourne à Montreux-Clarens du 22 octobre au 13 novembre 1877. Il y revient du 9 mars au 7 avril, puis encore durant l’hiver 1878-79. Dans la Villa Richelieu où il loge, il fait installer un piano au salon et travaille à son opéra Eugène Onéguine, à la Pucelle d’Orléans et à son Concerto pour violon qu’il compose in-extenso à cet endroit en compagnie de son ami de coeur, le violoniste Kotek.

S’imposant comme le plus grand des musiciens russes, il dirigera à Moscou devant le Tsar, puis triomphe en Amérique en 1891 et à Londres en 1893. De retour en Russie en novembre de cette même année, il succombe, selon la version officielle, à une épidémie de choléra. Trois mois plus tard, son égérie et bienfaitrice, Nadejda von Meck, meurt à son tour de tuberculose.

« (…)Tu t’étonnes de me voir supporter la solitude sans en souffrir ? Ah, cher ami, non seulement sans souffrir, mais avec une béatitude indicible. C’est un mode de vie normal pour moi. Je ne puis être calme et véritablement heureux que lorsque je suis seul. Il va de soi que je ne suis nullement contre, et que j’ai même besoin de temps en temps de goûter à la compagnie des très rares personnes que j’aime et que j’apprécie, mais il n’empêche que c’est quand ma solitude est complète que je me sens le mieux. Et comme il fait bon ici actuellement ! Quel temps merveilleux ! Quel coucher de soleil on a eu aujourd’hui. Je n’ai pas pu quitter le balcon tant qu’il n’a pas fait complètement nuit (…). »[in « Correspondance »]

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Karl-Gustav-Emil MANNERHEIM

(1867-1951) Maréchal de Finlande

Monument à Mannerheim, port de Territet-Montreux.
Celui qui devait devenir l’homme-clé de l’indépendance finlandaise commença sa carrière militaire comme officier de cavalerie au service du Tsar Nicolas II à St-Pétersbourg. Pendant les remous consécutifs à la Révolution bolchévique de 1917 il sut agir pour transformer la modeste autonomie du Grand-Duché de Finlande en une pleine indépendance.

Mais comme son principal appui lui était venu d’Allemagne, son pays se trouva, en 1939, du mauvais côté de la barrière.

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Igor Feodorovitch Strawinsky

(1882-1971) Compositeur et chef d’orchestre

Igor Strawinski et son épouse Catherine, Clarens, 1913. Photo © Archives de la Fondation Théodore Strawinski.
Notes biographiques

Ce génial musicien, pianiste et chef d’orchestre toucha à tous les genres, déroutant et enchantant les mélomanes par ses innovations harmoniques et rythmiques, de « L’Oiseau de Feu » (1910) au « Requiem canticle » (1966).

Fils de Féodor Ignacevitch Stravinski, ténor du Théâtre Marie de Saint Petersbourg, Igor est né à Oranienbourg, rue Suisse… Après des études de droit imposées par son père, il se tourne vers Rimsky-Korskov qui l’encourage dans la voie musicale. En 1905 il épouse sa cousine Catherine Nossenko qui lui donnera deux fils et deux filles. Pour elle, dont la santé était atteinte de phtisie pulmonaire (tuberculose), il décida de passer les hivers dans un climat plus doux. C’est ainsi qu’il arriva à Montreux-Clarens à la fin de l’été 1910 avec sa femme, deux enfants et deux domestiques. De 1910 à 1915 il logera successivement à la Pension des Tilleuls, à l’Hôtel du Châtelard, à l’Hôtel des Crêtes puis succèdera au chef d’orchestre Ernest Ansermet comme locataire de la maison « La Pervenche » avant de déménager à Morges, puis en 1920 en France.

C’est à Montreux-Clarens qu’il termine l’esquisse du « Sacre du Printemps », dont la première exécution à Paris, le 29 mai 1913, provoque le scandale le plus retentissant de ce début de siècle. Strawinsky compose beaucoup pour les Ballets russes de Diaghilev et fréquente de grands artistes et musiciens, rapport avec l’écrivain vaudois C.F.Ramuz, dont la collaboration donnera naissance à « L’Histoire du soldat » en 1918. En 1940 il émigre aux Etats-Unis et devient citoyen américain. Il reviendra à Montreux en 1956 pour diriger des extraits de Petrouchka et de l’Oiseau de feu. En 1985, Montreux-Clarens inaugure la rue du Sacre du Printemps et en 1993 la ville lui dédie son Auditorium, une salle de concert de 1800 places.

« A ses multiples installations passagères mon père sut toujours conférer un aspect quasi-définitif et s’y réserver l’isolement indispensable pour la création. Toute sa vie, partout, il suscitera autour de lui son climat propre. Les plus anonymes des chambres d’hôtel reçoivent son cachet personnel, je dirais presque sa signature. Les murs alors révèlent tout ce qui le passionne au moment même, du plus noble antique à l’image d’Epinal. Mais en ces années-là ce sont les estampes japonaises qui ont la place d’honneur, art que l’élite européenne découvrait, redécouvrait avec ferveur; et Strawinsky compose les Trois Poésies de la Lyrique Japonaise pour voix aiguë et piano; Akahito, dédié à Maurice Delage, Mazatsuni à Florent Schmitt, et Tsaraiuki à Maurice Ravel. » [in « Album de famille » de Théodore Strawinsky]

Igor Strawinsky et son épouse Catherine, Clarens, 1913. Photo © Archives de la Fondation Théodore Strawinsky.

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Sarah BERNHARDT

(1844-1923) Femme de théâtre

Casino-Kursaal de Montreux. Carte postale ancienne.
Notes biographiques

Peu de stars ont suscité autant d’engouement et de controverses que cette actrice française qui domina le théâtre français pendant plus de 40 ans. Malgré une éducation très relâchée dans un milieu de courtisanes à la mode du Second Empire, malgré des liaisons amoureuses souvent scandaleuses, Sarah suscita, autant que les stars de cinéma d’aujourd’hui, admiration et adulation de la bonne société comme de la foule. Quittant la Comédie française, elle fonda sa propre troupe, se fit directrice d’une salle avec toutes les fonctions que cela impose, organisa des tournées de plusieurs mois en Europe et en Amérique et continua de jouer malgré l’amputation d’une jambe. La veille de sa mort, elle comptait encore remonter sur les planches. Sur scène, elle prônait un jeu fait de vérité et de naturel.

Elle fit plusieurs fois la tête d’affiche à Montreux, en 1897 elle accepta un dîner en son honneur à l’Hôtel du Cygne et en septembre 1898, quelques jours après la mort de Sissi, alors en séjour à Montreux-Caux, la scène du Casino-Kursaal l’accueillit dans le rôle de la Dame aux camélias.

« Ajoutons que Sarah a fait en landau le trajet de Vevey à Montreux et qu’elle a gravi – en funiculaire – les Rochers-de-Naye, dont elle paraît avoir gardé un bon souvenir puisqu’elle a inscrit sur le livre des voyageurs de l’hôtel cette « pensée » mémorable: « Après le beau spectacle des montagnes on croit que rien ne semblera plus parfait, mais l’amabilité des hôtes suisses double le charme de l’excursion. » [in « Feuille d’Avis de Montreux »]

Casino-Kursaal de Montreux. Carte postale ancienne.

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Hans Christian ANDERSEN

(1805-1875) Poète et conteur danois

vue de Montreux et quartier où logea Andersen. Carte postale ancienne
Fils d’un cordonnier fabricant de théâtres de poupées qui encourageait son fils à lire et à rêver, Andersen est né à Odensee. Comme le veut la coutume, il commence son apprentissage de cordonnier, mais son rêve de monter sur les planches est si fort qu’à l’âge de 14 ans il quitte son milieu quelque peu précaire et misérable pour Copenhague, où l’attendent trois années de « vache enragée ». Bientôt, il remporte quelques succès littéraires, trouve des protecteurs et reçoit une pension du roi Frédéric VI qui lui permet de reprendre des études.

Au cours de nombreux voyages en Europe, il accumule des matériaux pour son œuvre future, se lie d’amitié avec Charles Dickens, rencontre Hugo et Heine à Paris. Il écrit beaucoup. Le roman lui réussit davantage que le théâtre, mais ce sont surtout ses contes pour enfants qui établissent sa renommée mondiale. C’est là que s’expriment le mieux sa bonté, sa mélancolie et son humour.

Le premier voyage en Suisse date de 1833. Impécunieux, il accepte une invitation au Locle. Il s’y rend de Paris par Montreux et par Chillon. Les montagnes font une forte impression sur ce natif d’un plat pays. Andersen revint dans notre région en 1846 et en 1860. Il logea alors dans une pension de Montreux-Vernex et y écrivit un de ses plus long conte: « La Vierge des glaciers ». Atteint de phtisie pulmonaire (tuberculose), il revient encore en 1861-62 et en 1873 pour se soigner Il loge à Montreux-Vernex, chez une dame Depallens, puis à l’hôtel du Righi-Vaudois de Glion, face aux Dents-du-Midi. Mais Andersen ne guérit pas de son mal de poitrine, il meurt à Copenhague le 4 août 1875.

Dans ses contes et ses souvenirs, Andersen se garde étrangement de tous les détails caractéristiques. On pense que son conte « Le Papillon » lui fut inspiré par une promenade de Montreux à Chillon, mais rien n’y est reconnaissable, pas plus que, dans ses recueils de souvenirs « Le conte de ma vie » et « L’Improvisateur », on ne localise la vallée du Rhône ou le Simplon, qu’il a pourtant traversés.

« Le pays d’ici compte parmi les plus élevés que j’ai vus; imaginez-vous des montagnes fières et sauvages, avec un chapeau de neige, un lac des plus calmes et un chemin qui serpente entre les vignes abondantes » [in « Lettres »]

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Ernest HEMINGWAY

(1898-1961) Écrivain américain

vue de Montreux et quartier où logea Andersen. Carte postale ancienne
Fils de médecin, Ernest Hemingway garda toute sa vie le souvenir des étés de son enfance qu’il passait au milieu de la forêt, près du lac Michigan. C’est là qu’il forma son caractère de baroudeur et d’homme d’action qui marque aussi son œuvre d’écrivain. Dédaignant des études poussées, il s’engagea à 19 ans comme reporter au « Kansas City Star », qui l’envoya en qualité d’ambulancier volontaire sur le front italien. En 1929, il publiera « L’adieu aux armes » inspiré de la guerre austro-italienne.

Après la guerre Hemingway s’installe à Paris où il excelle dans la nouvelle, sans pour autant renoncer à ses nombreux voyages. Sa vaste correspondance, truffée de conseils, de jérémiades, de coups de coeur et de commérages sur tout et sur tout le monde, est pleine d’échos amusés des lieux qu’il traverse. C’est ainsi qu’on le trouve à la pêche à la mouche dans le Grand Canal et à la table du Café du Buffet de la Gare de Montreux-Territet.

La « Pension de la Forêt » à Montreux-Chamby, qui l’accueillit en 1922, ne prend plus de pensionnaires, mais a gardé le même aspect chalet suisse. C’est là que l’auteur situe plusieurs chapitres de « L’adieu aux armes ». Il y décrit les parties de luge aux Avants et les promenades sous la neige qui l’entraînaient parfois jusqu’aux Bains de l’Alliaz.

« Devant la maison où nous habitions, la montagne descendait à pic vers la petite plaine au bord du lac, et nous nous asseyions sur la galerie de la maison, au soleil et nous voyions les vignobles en terrasses avec leurs vignes tuées par l’hiver et les murs de pierre qui séparaient les champs et, au-dessous des vignobles, les maisons de la ville. Dans le lac, il y avait une île avec deux arbres, et les arbres ressemblaient aux deux voiles d’une barque de pêche. Les montagnes étaient abruptes et escarpées de l’autre côté du lac et, là-bas, au bout du lac, s’étendait la vallée du Rhône, toute plate entre ses deux rangées de montagnes. En remontant la vallée, dans l’échancrure des montagnes, il y avait la Dent du Midi » [in « L’Adieu aux Armes »]

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Anna de NOAILLES

(1876-1933) Poétesse française

Intérieur de la Clinique Valmont. Carte postale ancienne.
Notes biographiques

La princesse roumaine Brancovan passe son enfance en Savoie, sur les bords du Léman. A 20 ans, elle épouse le Comte Matthieu de Noailles, séduit sans doute par sa « démarche sautillante de gazelles et leurs yeux étranges, semblables à des Egyptienne nomades et dorées qui sortent de leur roulotte et disent la bonne aventure ».

Son premier recueil de poèmes « Le coeur innombrable » publié en 1901 témoigne déjà de la sensibilité, de la mélancolie et du goût de la volupté qu’exprimeront encore davantage tous ses écrits futurs. Mais en même temps se manifeste une hantise croissante de la mort.

De sa propriété d’Amphion, la plus entourée des poètesses françaises se rend souvent à Montreux. En 1907, elle passe la fin de l’été à la clinique Val Mont à Glion. Dans la correspondance amoureuse qu’elle échange alors avec Maurice Barrès, plusieurs lettres sont datées de ses séjours à la clinique.

La ville de Vevey a élevé à Anna de Noailles un buste en bronze à l’ouest du Jardin Roussy.

« (…) la mesquine monotonie de ce séjour, les vertus suisses, toute cette médiocrité qui m’étouffe; j’aspire à tournoyer avec les albatros ».

« (…) les plus beaux couchers de soleil du monde; je les vois de mon balcon et de ma véranda vitrée suspendue sur le lac. C’est chaque soir l’incendie, le sublime, la gloire, les fastes de quelque souverain du Suprême Orient » [in « Lettres à Maurice Barrès »]

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Alphonse DAUDET

(1840-1897) Ecrivain français

La place du village des Planches. A gauche, la Pension Vautier au second plan. Carte postale ancienne.
Notes biographiques

Ce méridional tendre et jovial naquit à Nîmes, dans une famille de « taffetassiers » que ruina l’invention des métiers Jacquard, puis émigra à Lyon. Monté à Paris avec son frère Ernest, Alphonse se fit un nom dans le journalisme avant de publier des romans dont ses amis écrivains, comme Flaubert et Edmond de Goncourt, enviaient les imposants tirages. Il se maria pour mettre un terme à sa vie de bohème et de débauche et acquérir la respectabilité bourgeoise qu’incarnait son épouse Julia. Elle-même ouvrit un salon littéraire, se montra une correctrice intelligente, mais n’aima jamais la faconde provençale d’Alphonse et de ses amis méridionaux, sauf quand elle faisait le succès des œuvres de son mari.

Daudet apprit à connaître notre région en 1884, où il logea à la Pension Vautier, aux Planches. Quelques chapitres de son « Tartarin sur les Alpes », publié en 1885, situe à Montreux l’arrestation de son héros que la police prend pour un anarchiste et qu’elle enferme, pour une nuit, dans le cachot même de Bonivard. Daudet a laissé de ce temps-là des descriptions amusantes de Montreux en style télégraphique.

“« Montreux: En bas, le marché sous les peupliers. Balcon: le lac, ses couleurs de chromo. Le pays étagé, traversé par le torrent du Chauderon, ponts de bois, chutes d’eau. Le petit cimetière, roses blanches, jaunes, pétunias; rien que des étrangers. Terrasses de vignes, de fleurs grimpantes variées. Monaco du Nord, voilé. Hôtels perdus dans la verdure, avec leurs téléphones (sic), va-et-vient des hottes, des bourriches; tout au fond le lac. Le prisonnier de Chillon, le vrai, celui qui fait toutes ces petites peintures de quarante sous. Clarens plus lumineux, collines basses (…) » [in « Lettres »]”

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Léon TOLSTOÏ

(1828-1910) Ecrivain russe

Pension Verte-Rive. Extrait de l'ouvrage d'Eugène Rambert "Montreux", 1874
Notes biographiques

Ce fils de riches propriétaires, très tôt orphelin, est élevé par des précepteurs, dont l’un est français. Pendant ses études, ses pensées et ses loisirs sont surtout occupés par le plaisir et par le jeu. Puis il tente sur ses terres de Iasnaïa Poliana, mais sans grand succès, d’améliorer la condition des moujiks. Il s’engage alors dans l’armée, combat dans le Caucase et à Sébastopol pendant la Guerre de Crimée. En 1856, il a déjà écrit trois récits autobiographiques. Puis il entreprend un périple européen et, en admirateur de Rousseau, réside à Clarens, dans le « Village de Julie », du début avril au 18 mai 1857, probablement à la pension Verte Rive.

Le tsar vient de promulguer des réformes prévoyant l’émancipation des serfs. Tolstoï les appuie, fonde une école modèle et devient même juge, sans que son activité d’écrivain ne cesse de s’intensifier. Mais en même temps, son inspiration tourmentée par l’absurdité de la vie le porte peu à peu vers des sujets religieux. Le riche bourgeois qu’il est toujours, même s’il s’habille en paysan, fait scandale en prenant fait et cause pour les moujiks misérables. L’opposition grandit et l’un de ses livres « Résurrection », condamné par le Saint-Synode russe, lui vaudra même l’excommunication. Mais son message généreux se moque des barrières et des condamnations et lui gagne, auprès de la jeunesse russe et européenne, une immense influence. Toujours taraudé par l’envie de mettre en accord ses écrits et sa vie, il tente plusieurs fois d’échapper à sa condition de privilégié. Quand il y parvient enfin, c’est pour mourir sur un quai de gare.

« Voilà plus de trois semaines que je suis arrivé en Suisse et je me sens parfaitement satisfait de mon sort. La vie n’est pas chère, je mène une existence retirée; en ce moment, il fait très beau; j’ai sans cesse devant les yeux la montagne et le Léman azuré, les gens sont d’une simplicité et d’une cordialité extrême (…). (…) aux environs de Genève, à Clarens, dans ce même village où a demeuré la Julie de Rousseau. Je n’essayerai pas de vous dépeindre la beauté de ce pays, surtout à présent que tout est en feuilles et en fleurs. (…) Je passe la plus grande partie de mon temps à regarder et à admirer en me promenant (…). Chose étonnante, j’ai vécu deux mois à Clarens, mais chaque fois que le matin, ou plutôt le soir, avant le dîner, j’ai ouvert les vitres de la fenêtre sur laquelle tombait l’ombre et regardé le lac où se reflétaient les lointaines montagnes bleues, la beauté de ce paysage m’aveuglait et me saisissait d’une force inattendue. » [in « Lettres »]

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Alberto SANTOS-DUMONT

(1873-1932) Aéronaute

Santos Dumont et sa "Demoiselle". © Archives Cartier
Né au Brésil d’une famille d’émigrants français du début du XIXe siècle, Alberto Santos Dumont vient en France à l’âge de 15 ans. Mécanicien d’une exceptionnelle habileté, il travaille aux moteurs de voiture, puis à l’aviation naissante, d’abord comme mécano, enfin comme pilote. En 1901, son premier exploit est de relier Paris à Nice en Panhard Levassor de 6 CV en 54 h, puis il crée le mini-dirigeable BRASIL, sur lequel il remporte les 100’000 frs du prix Deutsche de la Meurthe. Généreux, il en fait bénéficier ses collaborateurs et les pauvres de Paris.

“Santos Dumont construit aussi un biplan et bat, le 12 novembre 1906 le premier record du monde aérien en tenant l’air sur 220 mètres en 21 secondes. Sa « Demoiselle », 5,10 m d’envergure pour un poids de 50 kg à vide, est « terrifiante de fragilité » mais elle vole… Puis Santos Dumont renonce à piloter pour construire: dirigeables, planeurs, biplans et monoplans, hélicoptères, hydroglisseur, remonte-pente, tout le passionne. Le fabricant de montres Cartier invente pour lui et lui dédie la première montre-bracelet qui ne soit pas un objet de luxe, la célèbre SANTOS. Sa gloire est mondiale et sa ville natale, Palmyria, se débaptise pour adopter le nom de son enfant.”

“Mais l’aéronaute souffre d’états d’âme. D’abord en séjour à la clinique Val Mont de Montreux-Glion, il prend logis à la Villa Ribaupierre et y demeure de 1927 à 1932. L’acte notarié du partage de ses biens à sa mort le dit avec élégance: « A Grand Champ sur Glion, qu’il a choisi comme lieu de séjour préféré ». Il y achète même un terrain de 3052 m2, car il espère construire un havre de paix; mais il n’en aura pas le temps.”

“Son souvenir est encore vivace chez les vieilles personnes de Glion. De caractère plutôt secret, peu liant, Santos Dumont est aussi dépressif: les honneurs qu’on lui décerne aussi bien en France qu’au Brésil ne lui font pas oublier les accidents trop fréquents.”

En 1928, un hydravion affrété pour saluer sa visite triomphale à Rio de Janeiro s’abat dans les flots sous ses yeux: il n’y a aucun survivant. L’avion est devenu un engin de guerre et les bombardements aériens dépriment l’aviateur qui, par ses travaux et ses inventions, se sent responsable de tant de malheurs. Quand en 1932 l’armée brésilienne n’entend pas ses appels à la paix et bombarde ses compatriotes révoltés de São Paulo, Santos Dumont s’effondre. Il meurt peu après, sans qu’on sache exactement s’il s’agit d’un accident ou d’un suicide.

Ses exécuteurs testamentaires offrirent en 1939 le terrain de Santos Dumont à la commune de Montreux-Les Planches, qui déclina l’offre, puis au village de Glion, qui accepta et le céda en 1945 à la Société de Développement du village de Glion aux fins d’en faire une place publique dotée d’une fontaine ou d’un monument dédié à l’illustre résident. Ce voeu posthume est réalisé en 1952. A l’angle de la route du village et de celle de la gare se trouve une modeste fontaine surmontée d’un aigle de pierre aux ailes déployées.

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Elisabeth de HABSBOURG dite SISSI

(1837-1898) Impératrice d’Autriche et Reine de Hongrie

Dernière photo de l'impératrice, prise à Territer en septembre 1898. Ehem. Hofsilber- und Tafelkammer, Vienne, et Archives de Montreux
C’est le 20 février 1893 à 15 heures que l’Impératrice d’Autriche et Reine de Hongrie Elisabeth pose le pied pour la première fois sur le sol montreusien.

Venant de Genève, par train spécial, elle se propose de passer quelque temps dans notre contrée. Composée de 18 personnes, sa suite comprend quelques hauts dignitaires des cours d’Autriche et de Hongrie, la comtesse Sztaray, dame de compagnie de sa Majesté de 1893 à 1898, et 42 pièces de bagages…

Sissi est alors âgée de 56 ans et souffre de phtisie pulmonaire, autrement dit de tuberculose. Accablée par les tragédies que vit sa famille, orpheline de son cousin de Bavière, ébranlée par la mort de son fils bien-aimé à Mayerling, l’Impératrice déclare que la vie lui pèse de plus en plus.

A Territet, l’illustre hôte occupe des appartements de l’ancien Hôtel des Alpes sous le nom de comtesse de Hohenembs, titre qui lui donne l’illusion de voyager incognito.

Femme éprouvée par le destin, immuablement vêtue de noir, Elisabeth apprécie le lieu pour son calme et pour les nombreuses possibilités de promenades qui s’offrent à elle.

On se souviendra qu’elle affectionnait particulièrement la montagne, maintes fois parcourue aux côtés de son père. lorsqu’elle vivait encore en Bavière. Infatigable marcheuse, elle arpente chemins et sentiers de haut en bas, parfois en compagnie du garde-forestier Dufaux, obligeant souvent la suite impériale à abandonner.

Levée à l’aube, l’Impératrice commence la journée avec un bain et un peu de gymnastique, avant de déjeuner d’un simple verre de lait. Qu’il vente ou qu’il pleuve, Elisabeth consacre toutes ses journées à se promener dans la région montreusienne, visite Chillon, se rend rapidement à Genève ou à Lausanne, où elle accueille l’Empereur qui vient la rejoindre le 28 février pour deux semaines de détente.

Souvent les Montreusiens croisent le couple impérial sur le sentier de Collonges, du côté de Bon-Port, du Mont-Fleuri ou à Glion. Ensemble ils visitent Blonay et son château, montent à Caux ou aux Avants, se désaltèrent aux nombreuses fontaines ou partent faire des achats. De ce séjour François-Joseph ramènera du vin de Villeneuve et d’Yvorne, des cigares de Vevey et un album de photos de la région.

Le 15 et le 16 mars les souverains du plus grand empire d’Occident quittent la région montreusienne par trains spéciaux, François-Joseph rejoint Vienne, Elisabeth traverse le Gothard pour rallier Gênes où l’attend le yacht qui la conduit à Corfou.

Il faudra attendre septembre 1895 pour que Territet revoie son illustre hôte. La fin du mois la voit arpenter les vallons et les crêtes des Rochers de Naye. Dix jours de repos et la voilà repartie jusqu’en mars 1897. Le 30 mars l’Impératrice reçoit la visite de son neveu, l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône à la suite du tragique décès de Rodolphe à Mayerling, lui-même future victime de Sarajevo en 1914.

La dernière semaine de ce mois d’avril 1897 voit Elisabeth se rendre plus souvent à Genève, où elle loge toujours à l’hôtel Beau-Rivage, non loin du débarcadère…

En 1898 Sissi retrouve Territet au printemps. Les premiers jours de mars sont printaniers et Elisabeth fait de longues promenades, préférant les hauteurs et les sentiers aux quais encombrés de curieux. Lorsqu’elle quitte Territet cette fois-là, le journaliste de la Feuille d’Avis de Montreux remarque qu’elle ne tient pas son éternel éventail noir qui lui masque le bas du visage, mais qu’elle esquisse un salut gracieux à la foule qui est venue lui marquer son attachement.

Le dernier séjour de l’Impératrice commence le 30 août 1898.

Cette fois ce n’est pas Territet qui accueille son hôte bien-aimée, c’est Caux. Arrivant de Hambourg, Sissi est descendue au Grand-Hôtel de Caux, dont elle occupe une partie du premier étage. En bas, au bord du lac, il fait encore chaud et la foule est trop dense. De nombreuses personnes séjournent à Montreux pour son climat clément et son attrait touristique, mais beaucoup d’hôtes caressent l’espoir de croiser ou même de côtoyer les visiteurs célèbres, telle Sissi, véritable mythe. Elisabeth a la « bougeotte ». Ses nombreuses promenades ne suffisent plus à calmer son énergie, ou son anxiété. Glion, Territet, les Rochers de Naye, un tour du haut lac en bateau, une excursion à Bex, chaque jour la rapproche de son destin tragique.

Le 10 septembre 1898 est un samedi. Sissi se trouve à Genève. Elle vient de rendre une visite à la baronne de Rotschild qui demeure à l’extérieur de la ville. Sa suite a déjà pris le train pour rejoindre Caux. Elisabeth n’est accompagnée que de sa fidèle dame de compagnie, la comtesse Irma Sztaray.

L’impératrice est nerveuse. Le bateau va partir et les deux dames sont un peu en retard. Elles quittent rapidement l’hôtel et marchent, courent presque, vers le débarcadère où le grand vapeur « Genève » siffle et donne le signal du départ.

Sur le quai du Mont Blanc Sissi est agressée par un homme qui la frappe. Surprise, elle trébuche et tombe. Son imposante chevelure amortit le choc. Soutenue par sa dame de compagnie, elle s’embarque sur le bateau.

Ce n’est qu’à ce moment qu’elle perd connaissance, qu’on découvre sa blessure en même temps que son identité, que le bateau revient au débarcadère et qu’on peut débarquer Elisabeth. Deux heures plus tard l’Impératrice d’Autriche et Reine de Hongrie expirait dans une chambre de l’hôtel Beau-Rivage.

A Territet et à Caux, Sissi laisse le souvenir d’une femme « si douce, si simple, si malheureuse », bonne et généreuse. [© Archives de Montreux]

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Elisée RECLUS

(1830-1905) Géographe et anarchiste

Portrait d'Elisée Reclus sur le balcon de sa villa de Clarens. © Musée du vieux Montreux.
Notes biographiques

Le père d’Elisée Reclus, pasteur wesleyen très rigoriste, était plus riche d’enfants que de biens. Pourtant, grâce à une mère admirable, cinq de ses treize enfants ont conquis leur place dans les pages du Grand Larousse !

Elisée échappa à la pauvreté du foyer en étant élevé quelques années par ses grands-parents. Il étudie à Berlin, sous la houlette du grand géographe Karl Ritter. A son retour, il proteste violemment avec son frère aîné Elie contre le coup d’Etat de Napoléon III, ce qui les condamne à l’exil. Devenu un théoricien de l’anarchisme, Elisée récidive en 1870 en participant à la Commune de Paris, ce qui lui vaut cette fois une condamnation au bagne, commuée, grâce à ses amis, en expulsion de France.

C’est les menottes aux mains qu’il franchit la frontière suisse, alors accueillante aux proscrits. Après avoir vécu au Tessin, puis à Vevey, Reclus bâtit en 1879 une maison à Montreux-Clarens qui devient une étape inévitable de l’errance des anarchistes. Les avatars politiques n’ont pas empêché ce grand marcheur de visiter l’Amérique du Nord au moment de la Guerre de Sécession, puis la région de Panama. Il accumule les observations et échafaude les théories qui feront de lui un géographe novateur. C’est à Clarens, entre 1879 et 1890, qu’il rédige une part importante de son œuvre maîtresse « La Nouvelle Géographie Universelle », en collaboration avec son frère Onésime et son ami Léon Metchnikoff, grand voyageur lui aussi, mort à Clarens en 1886.

Reclus basait son anarchisme sur une vision si généreuse et si optimiste de la nature de l’homme qu’elle paraît aujourd’hui naïve à nos esprits désabusés. Comme beaucoup de ses contemporains, il était habité par le rêve d’un progrès moral et social continu.

« Les riches visiteurs étrangers, Anglais, Russes, Américains, Français, ont également fait la prospérité des villes d’hôtels, Montreux, Clarens, Vevey, qui formeront bientôt une cité continue sur la rive septentrionale du Léman, en face de la bouche du Rhône valaisan.(…); par leur population cosmopolite, Montreux et Vevey sont devenus la propriété du genre humain » [in « Nouvelle Géographie universelle »]

« Races et peuplades diverses ne se sont point encore reconnues comme soeurs; mais elles se rapprochent de plus en plus; chaque jour, elles s’aiment davantage et, de concert, elles commencent à regarder vers un idéal commun de justice et de liberté. Les peuples, devenus intelligents, apprendront certainement à s’associer en une fédération libre: l’humanité, jusqu’ici divisée en courants distincts, ne sera plus qu’un seul fleuve, et, réunis en un seul flot, nous descendrons ensemble vers la grande mer où toutes les vies vont se perdre et se renouveler. » [in « Histoire d’un Ruisseau »]

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Vladimir NABOKOV

(1899-1977) Ecrivain et entomologiste russo-américain

Sculpture d'Alexander & Philip Rukamirisbuley, 1999, Jardins du Montreux Palace
“Vladimir Nabokov est un romancier, poète et critique littéraire américain d’origine russe, connu dans le monde entier à partir de 1958, après la sortie de son roman «Lolita», qui sera adapté au cinéma par Stanley Kubrick.”

“C’est Peter Ustinov qui a conseillé au couple Nabokov de s’installer au Montreux Palace en 1961. Il y séjourna avec son épouse dans la chambre 64, au dernier étage de l’aile du Cygne.”

« Je suis un vieil homme qui tient à son intimité dans tous les domaines de la vie et qui préfère un isolement fructueux en Suisse à l’atmosphère stimulante mais distrayante de l’Amérique », explique Nabokov.

Au Montreux Palace, où des journalistes venaient le voir du monde entier, il écrivit des chefs-d’œuvre: Feu pâle, Ada, Regarde, regarde les arlequins ! Le matin, il écrivait; l’après-midi il allait jouer au tennis ou se promener dans les alpages, à la chasse aux papillons, dont il était fin connaisseur.

L’auteur de Lolita décéda en 1977 et sa précieuse collection de papillons fut léguée au Musée de zoologie de Lausanne. Vladimir et Vera Nabokov reposent aujourd’hui au cimetière de Clarens, à côté de Montreux.

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Francis Scott FITZGERALD

(1896-1944) Ecrivain américain

Le funiculaire Territer-Glion. Carte postale ancienne.
Notes biographiques

Si Fitzgerald s’imposa très jeune par son style élégant et par la psychologie raffinée de ses écrits, dépensier et buveur, il dut plus d’une fois mettre son talent aux services de nouvelles « alimentaires » au détriment d’œuvres plus solides. D’un tempérament généreux, il se dévouait pour les jeunes écrivains, ce qu’il fit en 1925 pour Ernest Hemingway. Mais après avoir été souvent un compagnon de ribote, Hemingway devint bientôt un rival avec lequel Fitzgerald se brouillera maintes fois.

Sa femme Zelda, intelligente mais excentrique, fut pour l’écrivain un souci constant. Provocatrice, versatile et incapable de se plier à une discipline, elle partageait ses penchants pour les Lettres, mais aussi pour la fête et la boisson. Dès 1930 elle dut de plus en plus souvent avoir recours à des asiles psychiatriques.

C’est ainsi que du 22 mai au 4 juin l930 Zelda Fitzgerald fut soignée à la clinique Val Mont à Glion, avant de séjourner près de quatre mois à la clinique de Prangins. Le séjour montreusien inspira à Fitzgerald les chapitres 8 et 9 du roman « Tendre est la nuit ». Largement autobiographique, il mit plus de six années à l’écrire. Mais sa santé déclinait et son inspiration aussi. Il tenta de se faire un nom en écrivant des scenari pour les studios de Hollywood, mais son nom fut rarement cité dans les génériques. Ultime revanche: son dernier roman, « Le dernier Nabab », inachevé et posthume, décrit avec force les milieux du cinéma de cette époque.

« (…) Le funiculaire stoppa brusquement. Ceux qui le prenaient pour la première fois s’effrayèrent d’être ainsi arrêtés entre deux fragments de ciel bleu. Mais il s’agissait simplement d’un mystérieux échange entre le conducteur de la cabine qui montait et celui de la cabine qui descendait. L’ascension reprit. Ils longèrent un sentier de forêt, une gorge rocheuse, puis une colline qui se transforma peu à peu en une masse solidifiée de narcisses. A Montreux, sur les courts de tennis qui bordaient le lac, les joueurs n’étaient plus que des points d’aiguille. L’atmosphère changeait. Elle exhalait une fraîcheur nouvelle – fraîcheur qui se gonfla, peu à peu, de musique, et lorsqu’ils atteignirent Glion, ils entendirent un orchestre jouer dans le jardin de l’hôtel.(…) » [in « Tendre est la nuit »]

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Rainer-Maria RILKE

(1875-1926) Poète allemand

Clinique de Valmont.
Notes biographiques

Destiné à une carrière militaire, le jeune Rainer s’y prépare en suivant à Vienne, de 11 à 16 ans, une école pour futurs officiers. Puis il revient à Prague et se voue à la littérature. Ses premiers poèmes sont très romantiques. Il voyage beaucoup: Munich, Berlin, Russie où il rencontre Tolstoï en 1899, année qui est aussi celle de son premier ouvrage, imité de Maeterlinck « Légende d’amour et de mort du cornette Christophe Rilke ». Il visite l’Italie, la Suède, le Danemark où il rencontre Rodin et dont il épouse la nièce, pour divorcer l’année suivante. Devenu le secrétaire du sculpteur, il se brouille avec lui. Dans son « Livre d’heures », ses « Poésies nouvelles » et dans son œuvre maîtresse, les « Cahiers de Malte Laurids Brigge », il laisse transparaître son inquiétude métaphysique: l’amour de la vie et l’angoisse devant la mort s’y combattent sans relâche.

Après la Dalmatie, l’Espagne et Munich (1914-1919) c’est à Sierre en Valais qu’il se fixe, au Château de Muzot. Il y restera jusqu’à sa mort, écrivant dès 1924 en français. Il y entretient une correspondance suivie avec Paul Valéry, qu’il traduit, avec le peintre Balthus alors enfant et avec ses amies Yvonne von Wattenwyl et Catherine Pozzi, entre autres.

Mais Rilke est atteint de leucémie, ce qui l’oblige à faire, dès 1923, de fréquents séjours à la clinique Val Mont à Glion.C’est ici qu’il décède le 29 décembre 1926 à 5 h du matin.

« (…) Souffrant moi-même, je me trouve depuis cinq ou six semaines à la Clinique Val Mont, où je me repose en suivant un petit traitement; mais cela n’a pas d’importance. En pensant à vous j’ai un peu honte de me soigner tant pour si peu de chose. Vous constatez que je ne suis pas venu… Vous avouerai-je qu’ici je rêve d’aller enfin à Paris, aussitôt que le médecin me permettra de partir; j’aurais quelque appréhension de rentrer dans la solitude de ma vieille tour dans un moment où je voudrais m’écarter non pas de moi, certes, mais de certaines assiduités de mon corps. Et j’ai depuis longtemps, un si grand besoin de Paris(…) »[in « Lettres »]

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Georges Gordon Noël BYRON

(1788-1824) Poète anglais

Château de Chillon, soutterrain de Bonivard. Carte postale ancienne
Notes biographiques

C’est une succession de hasards et de décès qui fit du « petit boiteux d’Aberdeen » Lord Byron. En 1816, marchant dans les traces de Rousseau, avec ses amis Shelley et Hobhouse, le baron anglais essuya un violent orage sur le lac, visita Clarens, puis Chillon. Le cachot où le Duc de Savoie jeta Bonivard pour 4 ans (1532-1536) lui inspira un long poème écrit en quelques jours à Ouchy: « Le Prisonnier de Chillon ». Cet hymne à la liberté, admiré dans toute l’Europe, fit de Chillon un lieu de pèlerinage pour tous les romantiques. Beaucoup plus tard, lors de la construction du chemin de fer en 1860, c’est aussi le souvenir de Byron qui sauva le château de la démolition.

Quant au poète, dont les amours scandalisaient la bonne société anglaise, il revint cette même année 1816 à Montreux, et, par le col de Jaman, Montbovon et Château-d’Oex, gagna l’Oberland bernois. Par la suite il s’établit en Italie, avant de prendre, dès 1821, fait et cause pour les Grecs révoltés contre l’empire ottoman. Bien qu’il déplorât la désunion et les querelles stériles des chefs hellènes, il courut s’enfermer en 1823 dans Missolonghi assiégée et y mourut d’une fièvre mal soignée: il avait 36 ans. Rapatrié en Angleterre, son corps se vit refuser les honneurs de Westminster.

« Clarens, aimable Clarens, berceau du vrai amour ! L’air qu’on y respire autour de tes vergers est le tendre souffle de ce dieu lui-même (…) Clarens, tes sentiers sont parcourus par des pas célestes, les pas de l’amour immortel. » [in « Correspondance » publiée par Murray]

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Jean-Jacques ROUSSEAU

(1712-1778) Écrivain, philosophe et musicien

« La Noyade de Marcellin », épisode de « La Nouvelle Héloïse ». Huile sur toile exposée au Musée du Vieux-Montreux. © Propriété de la Commune de Montreux.
Notes biographiques

Ce Genevois, orphelin de mère, s’instruisit en autodidacte. A 16 ans, il fuit sa ville natale et son dur maître d’apprentissage; il croit trouver auprès de Mme de Warens la « maman » qu’il n’a pas connue. Tour à tour laquais, précepteur, secrétaire, pédagogue, musicien, il a le mérite, dans ses écrits passionnés, de remettre la nature à l’honneur: il est un des premiers à décrire avec admiration un paysage de haute montagne.

Son roman épistolaire « La Nouvelle Héloïse » au ton si neuf, qui a pour cadre Montreux-Clarens, s’illustra par un succès européen. Rousseau engagea ses lecteurs à découvrir de leurs propres yeux les paysages et les bosquets où s’étaient aimés Julie et St-Preux, sans pour autant situer précisement les lieux. Montreux lui doit sa renommée romantique.

« Quand l’ardent désir de cette vie heureuse qui me fuit, et pour laquelle j’étais né, vient enflammer mon imagination, c’est toujours au Pays de Vaud, près du lac, dans ces campagnes charmantes qu’elle me fixe. Il me faut absolument un verger au bord de ce lac, et non pas d’un autre; il me faut un ami sûr, une femme aimable et un petit bateau. Je ne jouirai d’un bonheur parfait sur la terre que quand j’aurai tout cela. »

« Il y a près de Clarens un village appelé Moutru, dont la commune seule est assez riche pour entretenir tous les communiers, n’eussent-ils pas un pouce de terre en propre. Aussi la bourgeoisie de ce village est-elle presque aussi difficile à acquérir que celle de Berne. Quel dommage qu’il n’y ait pas là quelque honnête homme de subdélégué, pour rendre Messieurs de Moutru plus sociables et leur bourgeoisie un peu moins chère ! » [in « La Nouvelle Héloïse »: 1761]

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Freddie Mercury

(1946-1991) Chanteur et musicien britannique


Le chanteur star du groupe Queen est né Farrokh Bulsara le 5 septembre 1946 dans l’île de Zanzibar. Fils de diplomate britannique, il passe une partie de sa jeunesse en Inde avant de déménager avec sa famille à Londres. En 1970, il commence sa carrière de chanteur et prend le nom de Freddie Mercury. Son groupe connaît très vite un succès mondial. Considéré comme l’un des plus grands groupes rock de tous les temps, Queen a légué à la postérité des tubes aussi célèbres que Show must go on et We are the champions.

Le groupe enregistre un album en 1978 à Montreux, la cité lémanique qui accueille chaque année le célèbre Fondation du Festival de Jazz de Montreux. Freddie Mercury adorait Montreux, si bien qu’il acheta un appartement à Territet, face au lac Léman. Le groupe enregistra ses derniers albums dans leur studio de la ville. C’est là que furent produit certains des plus grands hits de leur répertoire, tels que Mother Love. Le lac Léman apparaît même sur la couverture de leur album Made in Heaven.

Freddie Mercury aimait cette ville, où il pouvait trouver la paix et l’anonymat: If you want to find peace, go to Montreux. Le chanteur y vécut ses derniers mois, avant de s’éteindre le 24 novembre 1991, rongé par le SIDA. Une statue en bronze, constamment garnie de fleurs, fut élevée en son honneur en 1996, sur les quais de Montreux.

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