Montreux Music & Convention Centre 2m2c

Le 2m2c Montreux Music & Convention Centre est un lieu d’accueil d’événements professionnels, culturels et grand public offrant des infrastructures polyvalentes, dans un cadre naturel et authentique, au cœur de la ville de Montreux sur les bords du lac Léman. Il allie qualité et savoir-faire dans l’organisation d’événements depuis plus de 40 ans. 23 salles de réunions modulables réparties sur 18’000 m2 d’espaces multifonctionnels permettent l’organisation d’événements professionnels, culturels et grand public jusqu’à 1’800 personnes en conférence et 3’500 personnes pour un concert. Sa proximité avec la gare, les hôtels, le casino, les magasins et les restaurants confère au 2m2c une unité de lieu idéale pour la tenue de manifestations locales et internationales, comme par exemple le Montreux Jazz Festival, le XIIIème Sommet de la Francophonie ou les Championnats d’Europe d’Escrime 2015.

Paru le: 01/02/2019

“Un refus ne fusillerait pas que le Jazz Festival”

24 heures – La votation sur la rénovation du Centre de Congrès inquiète Mathieu Jaton, patron de l‘événement. La capacité du Stravinski risque d’être réduite à 300 places. Interview.

Pourquoi cette rénovation est-elle vitale à vos yeux?
Parce que l’économie de la ville repose essentiellement sur le tourisme et la culture, qui font sa notoriété. Parce qu’il faut répondre aux nombreuses déficiences de ce bâtiment construit en plusieurs étapes et qui coûtent cher. Parce que Montreux est une petite ville audacieuse et ambitieuse, comme l’ont démontré les Montreusiens en construisant le Centre de Congrès en 1970 puis en acceptant de libérer près de 50 millions en 1990 pour créer l’Auditorium Stravinski. Un bijou qui a fait ses preuves, en matière acoustique notamment, selon l’avis des artistes eux-mêmes. Un concert de Sting a plus de poids ici qu’ailleurs. Pourquoi des monstres – Stevie Wonder, Prince ou Lady Gaga – ont-ils décidé de s’y produire? Pourquoi Lenny Kravitz embrasse-t-il le plancher du Strav’? Il est difficile de se rendre compte à quel point cette salle est devenue mythique et nous permet d’exister. C’est une pépite unique au monde que nous voulons rendre encore plus unique. Un des plus grands agents artistiques de la planète vient de me confier, en découvrant l’Auditorium Stravinski les yeux écarquillés, qu’il entendait produire ses artistes dans ce magnifique écrin. Est-ce cela qu’il faudrait fusiller?

Le risque est donc réel que le Montreux Jazz disparaisse en cas de refus dans les urnes?
Un refus ne compromettrait pas uniquement le Montreux Jazz. Si la capacité maximale légale des salles est réduite à 300 personnes, aucun organisateur ne prendra le risque d’aller au-delà. La Saison culturelle en pâtirait aussi, dans l’impossibilité d’accueillir une grosse affiche, à l’exemple de Pascal Obispo. Outre les autres festivals, même les congrès ne rentreraient pas dans une salle de 300 places. Car l’atout de l’Auditorium Stravinski est sa capacité modulable, susceptible d’accueillir un dîner de 800 personnes ou un concert avec 2000 spectateurs. La virulence de la campagne avant le référendum m’inquiète. Je comprends que des personnes s’opposent à ce projet. Mais je ne peux pas perdre de vue qu’il faut non seulement mettre le bâtiment à niveau et en sécurité, mais aussi le rendre opérationnel.

Qu’est qui ne fonctionne plus sur le plan opérationnel?
Il arrive fréquemment qu’un organisateur ne puisse pas effectuer le montage de son événement en raison de la présence d’un congrès. Le nouveau concept projeté, «à chacun ses entrées», permettrait de remédier à cette déficience, éviterait des manques à gagner tout en réalisant des économies d’échelle. Le restaurant en projet ne serait pas simplement un nouveau restaurant à l’année à Montreux, mais un service existant dans tous les centres de congrès du monde. Cette structure d’accueil contribuera à faire du complexe un lieu de vie. Car c’est aujourd’hui une boîte vide. Cette réalisation servira avant tout aux manifestations plus petites, vu que le MJF crée ses propres restaurants.

Ne jugez-vous pas le coût de la rénovation trop élevé?
Non. Il ne l’est pas en regard avec les opportunités de développement que la rénovation représente et, surtout, du risque élevé de perdre des événements culturels. Le projet a été élaboré au terme d’un processus fastidieux qui a duré huit ans, dans lequel tous les acteurs concernés ont été impliqués. Ce n’est pas une lubie de quelques politiques de réaliser une rénovation à 87 millions de francs, dont 27 millions seront financés par l’impôt communal. C’est aussi la raison pour laquelle il n’y a plus de plan B aujourd’hui. Toutes les autres options ont été écartées, dont la création d’une salle géante de 6000 places. Il n’a pas non plus été jugé opportun de créer un parking souterrain onéreux, condamnant de surcroît tout le sous-sol, soit un tiers du complexe. À l’origine, ce travail répondait à une obligation légale de mise en sécurité. Mais s’arrêter à la mise à niveau, c’était comme mettre un simple sparadrap sur des blessures béantes. Il s’avère aujourd’hui que la part de cette rénovation consacrée au développement, qui donne droit à des subventions, est la plus importante. Car le Centre de Congrès rapporte aussi: il a réalisé plus de 6 millions de chiffre d’affaires l’an dernier.

Le mode de financement des travaux vous paraît-il solide?
Le projet élaboré par la Municipalité est solide et pertinent, sans augmentation d’impôt et sans coupe dans d’autres budgets communaux. Les contribuables montreusiens ne financeraient que la mise en sécurité (27 millions de francs) du bâtiment, propriété de la Ville. La mise à niveau (33 millions) sera prise en charge par les acteurs touristiques, via la nouvelle taxe communale de séjour. Et les travaux visant à développer le centre (24 millions) relèveraient de la responsabilité de la société d’exploitation du centre (CCM SA). De la sorte, la Ville donne une mission à l’exploitant, chargé de la recherche de fonds – avec déjà un certain succès – et de la rentabilité du centre. C’est une solution entrepreneuriale et pas politique.

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant ce référendum?
À l’inquiétude s’ajoute l’incertitude. Si le projet est rejeté ce 10 février, l’Établissement cantonal d’assurance (ECA) nous donnera-t-il un délai supplémentaire pour remettre le 2m2c aux normes? Rien n’est moins sûr. Ou décrétera-t-il la capacité maximale de nos salles à 300 personnes? L’heure est donc aux interrogations. (24 heures)

Claude Béda – publié le 31.01.2019

https://www.24heures.ch/vaud-regions/refus-fusillerait-jazz-festival/story/31803285