Un glacier à mille mètres au-dessus de Montreux
Le paysage de Montreux est le résultat d’une longue histoire géologique inscrite dans les roches et les reliefs. Il fut le théâtre de nombreux bouleversements terrestres.
Notre région a longtemps reposé au fond de l’océan. Durant une période très chaude et très longue (entre moins 200 et moins 65 millions d’années), ces fonds marins émergèrent en s’appuyant à l’est à une île plus ancienne dont les couches se dressent aujourd’hui jusqu’aux sommets du Mont-Rose et du Mont-Blanc.
À l’ouest de notre région, c’était encore la mer, dont les nouveaux dépôts formèrent les collines du Jorat. Puis une éruption de feu venant de l’intérieur de la terre en secoua l’enveloppe qui se hérissa de vagues: ce furent les Alpes. Celles qui dominent Montreux furent d’abord plus compactes et abruptes. Une fissure – le futur bassin du Léman – s’ouvrit à leur pied. D’autres fissures devinrent des torrents.
Les plages de la mer voisine avaient vu les rhinocéros pâturer et les grands fauves sous les palmiers.
Mais bientôt, un glacier progressa d’années en années et remplit le vide entre les Alpes et le Jura. À Montreux, il s’élevait jusqu’à 1’000 mètres au-dessus du niveau actuel du lac. Ce glacier battit en retraite par deux fois, les sommets se dégradant et lui livrant des masses énormes de matériaux… On vit apparaître des vallons à fond plat, comme à Villars ou aux Avants. Puis la verdure apparut: sapins, hêtres et chataigniers jusque près des eaux du Léman. Les torrents découpèrent la ligne du rivage. Pendant ce temps, le lac prenait son niveau, laissant à découvert des terrasses autrefois submergées, comme celle du cimetière de Clarens. Quelques rochers de tuff édifiaient peu à peu leurs grottes et pilastres, comme celui où se trouve l’église St-Vincent, Toveyre ou le Scex que plliau.
Et tout ce travail d’érosion, de sédimentation, d’éboulements continue: on pense que le Rhône, après avoir créé la plaine du Valais a rencontré le Léman et continue à le combler. Déjà, ses alluvions dépassent Villeneuve. Atteindront-ils Chillon et Montreux un jour?
Tout cela met en évidence la petitesse de l’homme et de ses œuvres face à la nature. Non?
(source d’après Eugène Rambert “Montreux et ses environs”, 1877 – Image thierrybasset.ch)