Pon-pon!

Un jour radieux. Le soleil au zénith, le lac en miroir, peu de vent. Du monde sur le quai ce jour-là: il fallait profiter des beaux jours. J’en faisais autant, avec désinvolture et insouciance. Ça fait du bien de se vider l’esprit de temps à autre. Les quais de Montreux sont idéals pour ça. Les sens sont toujours captifs de l’environnement. Des cris de mouettes, un couple de canards qui s’échappe de son milieu liquide et qui grignotte goulûment des fleurs, un pédalo. Des enfants. Beaucoup d’enfants qui piaillent, courent, sautent sur les pierres au grand dam de leurs parents.
Et puis, soudain, une forte douleur à la cheville gauche. Comme un coup de bâton. Ou de couteau. Et un cri “pouvez pas faire attention, j’ai fait pon-pon!”. Un gosse me croise à toute vitesse sur sa trottinette. C’est lui qui a crié dans mon oreille, en me reprochant à sa façon de ne pas l’avoir vu. Et surtout entendu: pon-pon! La moutarde me monte au nez, quel culot ce gosse de, disons, sept ans à peine… Mais il était déjà loin devant moi. Désinvolte, insouciant? Lui en tout cas. Moi plus.
Roger Bornand