«Notre héritage n’est précédé d’aucun testament»
Une devise de printemps?
L’hiver dernier peut être classé parmi les hivers rigoureux. En un sens, le gel a la rigueur d’un exécuteur testamentaire. D’ailleurs, une des sagas de l’hiver, qui pourrait rebondir en saga de l’été, a été initiée par le dévoilement du testament de Johnny.
La passion générée est bien compréhensible. Les vies des rocks stars s’imbriquent avec les nôtres, avec leurs chansons, en poupées gigognes. Ces derniers mois, entouré des sommets enneigés, chacun a pu méditer au coin du feu en lisant les articles de presse détaillant les dernières volontés de Johnny Halliday et même, par comparaison, celles de David Bowie, d’Alain Bashung et d’autres. Les réactions n’ont pas manqué.
Le tribute est consensuel. L’héritage est passionnel, il faut croire. C’est pourquoi, avec la douceur printannière, il est bon de songer à ce trait de René Char : “notre héritage n’est précédé d’aucun testament” (*). Ces mots du poète résistant sont célèbres. Tout bon étudiant en classes préparatoires littéraires parisien doit être capable d’écrire une dissertation à partir de leur évocation. Ils parlent aux philosophes, aux historiens et aux poètes. Tout simplement, reconnaissons qu’en nous levant le matin, aucun document n’est posé sur la table de nuit pour préciser ce que sera notre lot du jour. Après tout, nous héritons tous de quelque chose, au quotidien. Il nous faut l’attraper.
Pour expérimenter ce jeu, chacun peut prendre son appareil photo, figer des moments et adresser des instantanés à hello@MyMontreux.ch.
Denis Vitel
(*) «Notre héritage n’est précédé d’aucun testament», René Char, Feuillets d’Hypnos, 1943-1944