Montreux est alors en plein essor. Le train, transport à la mode, achemine des nuées de touristes en quête de sensations. Pour accueillir cette foule bigarrée, des paquebots de luxe sont alors construits à tour de bras. La Riviera vaudoise devient ainsi un passage obligé, un lieu à voir… et où il faut être vu ! Qui plus est, il y fait particulièrement bon vivre. En un mot : la Belle Époque.
C’est au milieu de cette effervescence qu’Émile Jean Cécile de Ribaupierre développe son entreprise d’horticulture. Il est extrêmement doué pour les décorations florales, qu’il fournit aux nombreux hôtels, pensions et restaurants. Il a pignon sur rue. Avec son épouse, Emma, ils ont six enfants.
Jean reprendra le commerce du papa. Il se distinguera aussi dans la décoration des chars lors des Fêtes des Narcisses.
René se tourne plutôt vers une carrière militaire, dans la cavalerie.
François devient un peintre talentueux.
(voir: https://mymontreux.ch/montreux-en-images/celebrites-a-montreux/peinture-sculpture/)
Il se prend de passion pour le Val d’Hérens qu’il dessine abondamment au travers de paysages, de gens et de leurs coutumes. Curieux, doué et très habile de ses mains, il pratique aussi bien le vitrail que la fresque. De plus, c’est un génial concepteur. Rien ne lui résiste : la maçonnerie, la menuiserie, le carrelage, l’électricité. Il coud, il tisse, il sculpte et il bâtit.
Les trois autres enfants, influencés par une maman mélomane, seront musiciens.
Émile, l’éclectique, embrasse une carrière de violoniste, de chef d’orchestre, de compositeur et d’enseignant. Il fonde aussi le célèbre Orchestre de Ribaupierre. En outre, avec son frère André, il crée à plusieurs reprises des quatuors à cordes ou des trios qui enchantent le public.
Mathilde – l’aînée de cette fratrie – se consacre exclusivement à une carrière de professeur de piano, d’abord au Conservatoire de Lausanne, puis dans une de ses propres écoles, cofondées avec Émile : le Conservatoire de Montreux, le Conservatoire de Vevey et surtout l’Institut de Ribaupierre à Lausanne.
André, le benjamin, est un violoniste virtuose qui se produit sur les scènes internationales. Il vit et enseigne son art durant plusieurs années aux U.S.A. Mais la Suisse lui manque terriblement, surtout la région des Haudères en Valais. En effet, le Val d’Hérens a conquis le cœur aussi bien de François que d’Émile, de Mathilde et d’André. Ils y ont chacun un chalet et, chaque été, ils y organisent des cours de musique.
Quant à la troisième génération, elle excelle encore et toujours dans l’art floral, mais aussi dans la danse classique grâce à Dominique.
Claude de Ribaupierre est certainement la personne la plus connue de toute cette illustre famille, sous le pseudonyme de Derib. Nul besoin de présenter le papa de Yakari et de Buddy Longway, entre autres. Il faut dire qu’il tombe très jeune dans la marmite du dessin. En effet, la bande dessinée le happe littéralement dans un tourbillon créatif dès son enfance. Il en fera sa passion et son unique travail. À Bruxelles, la Mecque de la bande dessinée, il rencontre et travaille avec les plus grands noms de cet art avant de devenir lui-même une référence en la matière. Sa passion pour les Indiens d’Amérique et pour le monde des animaux – surtout les chevaux – va déterminer deux thèmes essentiels de son œuvre, qu’il continue aujourd’hui encore à développer, avec ardeur et sensibilité.
La quatrième génération, forte de l’expérience de ses ancêtres, brille dans l’écriture, la musique, le dessin, la photographie, le maquettisme, le théâtre…
L’exposition évoque, par le biais de photos, de documents et d’objets – et par ordre chronologique – un héritage artistique sur quatre générations. Vous pourrez ainsi entrer un peu dans l’intimité d’une vaste famille, dont les membres sont certes issus de notre terroir mais ont un rayonnement qui va bien au-delà de nos frontières.