La massue dans les armoiries de Colmar!
Par la volonté de la jalouse Junon, le héros et demi-dieu Hercule s’était pour douze ans engagé au service d’Eurystheus. Sur l’ordre de celui-ci, il avait déjà accepté de courir les risques de plusieurs aventures en Orient d’où il était heureusement sorti. Il s’agissait maintenant pour lui de s’en aller vers l’Occident pour chercher dans l’île d’Erytheira (Gadeira ou Gadès) près de la côte d’Espagne, les boeufs de Geryones, le géant aux trois corps, dont le troupeau était gardé par Orthros, le chien à deux têtes, et par le géant Eurytion. Hercule sortit encore heureusement de cette aventure. Eurystheus consentit à lui laisser la propriété du troupeau qu’il réclamait, à condition qu’il parcoure chaque jour, sans exception, avec son troupeau un itinéraire déterminé de vingt milles.
Hercule accepta cette condition et au prix de mille aventures, il fit passer son troupeau par les Pyrénées et les montagnes de la Gaule du Sud. Il franchit les plus hauts sommets des Vosges par la route qu’avait déjà suivie Bacchus au temps où il avait enseigné aux Triboques l’art de planter la vigne. Hercule redescendit dans la belle vallée du Rhin jusqu’à Argentovar, aujourd’hui Horburg, où il arriva en soirée. Las, il voulut se reposer des fatigues de sa route, mais un moment seulement, car il n’avait pas achevé les vingt mille imposés.
Il reprit des forces en avalant quelques coupes du meilleur vin d’Alsace, mais notre héros si fort trouva dans ce vin plus fort que lui encore, et il s’endormit. S’étant enfin réveillé, il se releva d’un bond et repartit en vitesse pour tâcher de rattraper le temps perdu. Mais il ne réussit pas à atteindre Bâle, but de sa journée. De plus, dans sa hâte, il avait oublié d’emporter le terrible outil, le fidèle instrument de ses exploits, sa massue.
Longtemps, cette massue fut conservée comme souvenir et comme témoin de la présence du demi-dieu en Alsace. Plus tard, quand la belle ville de Colmar s’éleva entre les eaux de la Thur et de l’Ill, on mit la massue d’Hercule dans ses armoiries où elle brille encore aujourd’hui sur champ rouge et vert, surmontée d’une couronne de murailles.
L’histoire ne précise pas quel vin fut servi à Hercule. Il en existe tellement de bons autour de Colmar que les candidats sont nombreux. Malheureusement, les essayer tous reviendrait à prendre un bon coup de massue sur la tête. Pas sûr que nous nous en remettrions aussi bien qu’Hercule !