Paru le: 27/08/2015

La légende du coq noir!

La région de Chianti en Toscane produit un vin rouge de réputation mondiale, souvent copié, jamais égalé. Afin d’enrayer les contrefaçons, le Grand Duc de Toscane décida en 1716 d’émettre un édit dans lequel il reconnaissait formellement les limites géographiques du vin de Chianti. Il semble que ce document soit le premier au monde à définir une zone de production de vin, ce qui est aussi proclamé par les hongrois avec le Tokaj. Malgré ce texte, les imitations ont continué à se multiplier, si bien qu’en 1924, un groupe de producteur de Chianti s’est réuni pour former une association chargée de défendre et promouvoir leur vin. Le symbole historique de ce groupe est le coq noir (gallo nero), que l’on retrouve sur presque toutes les bouteilles de Chianti Classico afin de certifier l’authenticité du vin. Cet emblème a pour origine la rivalité historique entre les villes de Sienne et de Florence et la légende qui relate comment la guerre entre ces deux villes a pris fin.

Après des années de guerre sanglante pour la suprématie régionale, les deux cités toscanes décidèrent de fixer leur frontière respective de manière originale. En effet, il fut décidé que la nouvelle frontière serait définie au point de rencontre de deux cavaliers partant de leur ville respective au chant du coq. Les siennois choisirent un gros coq blanc au chant puissant tandis que les florentins prirent un coq noir qu’ils décidèrent de ne pas nourrir. Le jour de la course, la bête affamée s’éveilla bien avant le lever du jour et chanta aussi fort que ses maigres forces lui permettaient pour crier famine. Le chevalier florentin se mit ainsi en route très tôt et parcouru une plus grande distance que son homologue siennois, réveillé normalement au lever du jour. Les deux cavaliers se rencontrèrent à Fonterutoli, à seulement une douzaine de kilomètres de Sienne. C’est ainsi que la majeure partie de la zone de Chianti tomba sous la juridiction de la ville de Florence.

Le coq noir est l’emblème historique du Chianti depuis plusieurs siècles. Mais l’histoire ne dit pas ce qu’il advint du pauvre volatile : fut-il enfin copieusement nourri pour service rendu à la patrie ? Fut-il décidé de lui construire la plus belle basse-cour du pays en son honneur ? Ou bien fut-il sacrifié dans l’allégresse d’une fin de guerre favorable aux florentins ? Le coq n’est certes pas un animal sacré, mais quitte à faire couler le sang, c’est bien le sangiovese, le cépage principal du Chianti, qui semble le plus approprié pour des repas festifs réussis !