J’ai vécu avec le cirque Knie
À Lausanne, pendant des années, le cirque national suisse KNIE plantait son chapiteau sur la place de Milan. Le problème était que, lors de fortes pluies, le terrain était détrempé, peu commode pour l’entrée des spectateurs. C’est pourquoi la commune de Lausanne mit à disposition du cirque la grande place de Vidy, sur la “Commune libre d’Ouchy”.
Le jour de la première représentation, ma classe de photographie avait été mandatée par l’Office du tourisme d’Ouchy pour un dépliant touristique.
Nous étions par groupes de deux: mon amie et moi-même nous nous sommes ainsi retrouvées au cirque.
Je me souviens que, pour cet événement, le “pilote des glaciers” Hermann Geiger en hélicoptère, toute la presse et les politiciens du moment étaient présents.
Pour nous, être photographe pour un tel événement, c’était le rêve. Arrive alors Monsieur Krenger, un homme très sérieux, qui nous demande si nous serions d’accord de faire des photos pour le cirque: à l’époque, il n’avait pas de service de presse. Les journalistes et les photographes ne partageaient pas leur travail ou alors avec beaucoup de retenue.
Nous voilà donc engagées comme photographes de presse pour le cirque Knie!
Mon amie, habitant Genève, partait de là et le suivait jusqu’à Lausanne. Moi, je le prenais à partir des derniers jours à Lausanne jusqu’à Aigle, parfois plus loin selon la commande de photos.
J’ai vraiment vécu profondément le cirque. Des moments intenses. Par exemple, cet instant particulier juste avant l’entrée en piste des artistes: ils se signent dans un lourd silence, le temps se fige. Puis c’est l’entrée en piste, la vie reprend, les applaudissements, les cris de joie, l’orchestre. Il y aurait beaucoup de choses à raconter tant ces moments étaient rempli de magie.
Durant deux ans, j’ai suivi le chapiteau avec ma carte de presse. Je prenais mes images comme celles demandées par Frédy Knie senior sur le montage et le démontage de la tente. Je les développais chez mon professeur, Eric Guignard à Vevey, qui me laissait son laboratoire. Les commandes étaient importantes, soigneusement choisies: elles servaient aux dédicaces de la famille Knie. De grands moments que l’on n’oublie pas.
Nicole Weber, Clarens
(sur ma photo: Frédy Knie junior)