Du “Cantique suisse” aux “Monts indépendants”: où en sommes-nous avec l’hymne national suisse?
En été 1841, le prêtre et compositeur uranais Alberik Zwyssig reçoit un texte patriotique à mettre en musique dont l’auteur est le journaliste et auteur-compositeur zurichois Leonhard Widmer. Zwyssig choisit le chant liturgique sur le texte du psaume “Diligam te Domine” (J’aspire à t’adorer, Seigneur) qu’il a composé en 1835 alors qu’il était maître de chapelle au couvent de Wettingen. Le texte de Widmer doit être adapté au chant d’église. C’est en novembre 1841 que quatre citoyens zougois entonnent le “Cantique suisse” en présence de son compositeur.
Deux ans plus tard, le nouveau chant paraissait déjà dans le livret des festivités de l’association estudiantine des Zofingiens à l’occasion de l’anniversaire de l’entrée de Zurich dans la Confédération. Il était même présenté à un public enthousiaste lors de la Fête fédérale de chant. Très vite les choeurs d’hommes du pays l’ajoutent à leur répertoire (en Suisse Romande et au Tessin grâce à des traductions), et on peut l’entendre dans le cadre de fêtes à caractère patriotique. Néanmoins, le Conseil fédéral rejettera les motions qu’il reçoit, visant à élever le “Cantique suisse” au rang d’hymne national. En effet, il est d’avis que ce n’est pas un décret des autorités qui doit en décider mais bien le peuple par l’utilisation régulière du chant en question. De fait, il existait alors un autre chant patriotique pour les cérémonies politiques ou militaires, tout aussi populaire que celui de Zwyssig; de nombreux Suisses ont certainement encore en mémoire le “Ô Monts indépendants” qui était chanté sur la mélodie de l’hymne national anglais “God Save the King (Queen)”. Cette similitude devint gênante au cours du XXe siècle, à partir du moment où les contacts internationaux s’intensifièrent.
En 1961, le Conseil fédéral décida que le chant de Zwyssig, qui avait l’avantage d’être une création purement helvétique, représenterait provisoirement la Suisse dans les domaines militaire et diplomatique. Après un essai de trois ans, 12 cantons adoptèrent le nouvel hymne, six le rejetèrent et que sept optèrent pour une prolongation de la période d’essai. Malgré ces résultats peu convaincants, le Conseil fédéral confirma en 1965 le rang d’hymne national du “Cantique suisse”, et ce pour une période illimitée. Ce n’est que dix ans plus tard qu’il lui enleva son statut provisoire, sans toutefois exclure la possibilité d’un changement ultérieur. D’ailleurs, par la suite, il reçut plusieurs propositions pour un nouvel hymne national. Aucune des compositions en question ne put cependant rallier autant de voix que le chant de Zwyssig, si bien que le Conseil fédéral finit par déclarer celui-ci hymne national, désormais sans condition aucune, constatant qu’il s’agissait là d’un chant “purement suisse, digne et solennel, ainsi que le souhaite une grande partie de nos Confédérés et Confédérées”. C’était le 1er avril 1981 soit 40 ans après sa composition.
Au début de cette année, un concours officiel a été lancé pour trouver un nouvel hymne national, avec un texte plus moderne et un rythme plus entraînant que l’hymne actuel. La compétition va durer six mois: on a tout son temps…
(source. Bibliothèque Nationale Suisse)