Le blog de VOS histoires

Dans ce blog, nous publions les histoires, souvenirs, idées, potins… que vous nous adressez à hello@mymontreux.ch
Nous nous réservons le droit de choisir les meilleurs. De préférence se rapportant à notre région. Aucune attaque personnelle, pas d’injures, etc. bien entendu. MERCI !

Paru le: 20/03/2018

Quand un diplomate montreusien emmène les négociateurs chypriotes dans le brouillard

En 1997 l’ONU avait organisé une nouvelle série de pourparlers entre Chypriotes grecs et turcs et avait choisi un lieu discret pour faciliter un dialogue qu’elle espérait fructueux: Glion. Les autorités suisses voulaient offrir un moment de détente à ces négociateurs ombrageux et m’avaient désigné en tant que directeur politique du DFAE pour les emmener aux Rochers-de-Naye par train spécial composé de deux wagons centenaires. Arrivé de Berne à Glion, et étant natif de Montreux, je constatai que le ciel ne semblait pas favorable à offrir un spectacle inoubliable à nos hôtes, mais qu’il fallait rester optimiste. La montée se déroula dans une atmosphère glaciale, les Chypriotes grecs choisissant un wagon, leurs adversaires l’autre.

Durant le trajet je regardais avec espoir l’évolution de la couverture nuageuse, qui semblait se déchirer. Arrivé au sommet je constatai que du côté de la combe de Naye les nuages avaient disparus et c’est plein d’espoir que je conduisis la petite troupe dans le tunnel qui mène au restaurant Plein-Roc. Hélas sur la face occidentale un épais brouillard empêchait de voir quoi que ce soit. La déception se lisait sur les visages. Pour détendre l’atmosphère je fis apporter des boissons diverses dont du vin blanc vaudois et du kirsch en leur disant que c’était un produit venant du coeur de la Suisse qu’il fallait goûter. Le chef de la partie grecque y vit un moyen de jouer un tour à son homologue turc. Il choisit le kirsch, invitant son homologue turc à faire de même. Il lui dit qu’il fallait vider le verre d’un coup. Le pauvre Turc, ne connaissant pas cet alcool, s’étrangla, faisant rire toute l’assistance. La glace était rompue, le repas arrosé de vins suisse fit encore monter la température, les échanges devinrent amicaux et au retour les wagons étaient mixtes. Mais malgré tout, plus de 20 ans après, la question chypriote n’est toujours pas résolue.

Jean-Marc Boulgaris