SCÈNE DU LAC
Les habitué·es de la Scène du Lac le savent : les soirées y prennent une dimension encore plus féerique lorsque le fond de la scène s’ouvre sur le lac. Cette année, plus encore que la précédente, les artistes ont saisi la magie de ce décor naturel – souvent bien plus spectaculaire que n’importe quel écran géant. London Grammar et RÜFÜS DU SOL ont par exemple pris la décision d’ouvrir la scène le jour même, émerveillés par la beauté du lieu.
Même lorsque capricieuse, la météo a offert des instants suspendus. La pluie a galvanisé les foules lors des concerts de Jamie xx ou Noah Kahan et a apporté une douce teinte automnale au concert de Neil Young, particulièrement généreux en morceaux iconiques de sa carrière lors d’un concert-fleuve de plus de deux heures.
Chaka Khan a ouvert le Festival avec une grande soirée dédiée à Quincy Jones, entourée de plusieurs invité·e·s dont une très touchante Siedah Garrett, aussi émue qu’émouvante dans son hommage à son mentor. Les légendes Diana Ross et Lionel Richie ont épaté par leur capacité à créer le show des décennies après leurs débuts au sein des Supremes et des Commodores. Grace Jones a quant à elle livré un concert ébouriffant à son image (« I’m a fashionista ! ») n’oubliant pas son hoola-hoop avant de traverser la foule sur les épaules d’un agent de sécurité.
On annonçait Pulp et FKA twigs comme des concerts-événements par leur rareté : ils ont tenu toutes leurs promesses. La bande de Jarvis Cocker – toujours habité par la même fougue et gestuelle génialement excentrique – a fait un carton pour son retour en Suisse après 24 ans d’absence. Quant à FKA twigs, son premier concert en Suisse s’est révélé être un spectacle total comme le Festival en voit rarement, mêlant scénographie, théâtralité, danse et performance visuelle. En conclusion de cette frénésie sensorielle, son final dépouillé en piano-voix, en larmes, restera comme un moment phare, bouleversant, de cette édition.
Une année après son concert immortalisé sur un album Live at Montreux, RAYE a honoré son nouveau rôle de tête d’affiche avec une performance immense. Visiblement émue d’être de retour sur cette scène où elle a joué devant son grand-papa, la nouvelle star de la pop mondiale a rappelé ses racines jazz, jouant le standard « Cry Me A River » avant de rejoindre la scène des jam sessions quelques heures plus tard.
À l’instar de RAYE l’année dernière, Benson Boone a marqué les esprits dès sa première venue au Festival. D’abord par un geste de grande classe lorsqu’il a dédié une reprise de « Seventeen Going Under » à Sam Fender, programmé le même soir mais contraint d’annuler pour raisons de santé. Puis un final d’anthologie : fidèle à sa réputation de cascadeur, Benson Boone a terminé son concert en plongeant depuis la scène dans le lac. Un moment dingue, partagé sur écran géant avec le public qui pouvait l’acclamer pendant qu’il profitait de sa baignade avec ses musicien·ne·s et son équipe.
SCÈNE DU CASINO
Plusieurs artistes du Casino l’ont souligné : ils n’ont plus l’habitude de jouer dans une si petite salle – et ils adorent ça. C’était notamment le cas de Brandi Carlile, qui a joué une reprise de « Fat Bottomed Girls » en clin d’oeil à l’histoire de Queen à Montreux. Entre hits dansants et balades soul, Jorja Smith a démontré toute la palette de son répertoire habitué à de bien plus grandes salles. La soirée avec Fujii Kaze et FINNEAS, rassemblant l’une des plus grandes stars du Japon et l’un des producteurs les plus importantes de la pop mondiale, a également déchaîné les passions au Casino.
Parmi les autres grands moments, on retiendra la prestation vocale magistrale de Beth Gibbons, une performance piano solo en grande partie improvisée par James Blake, le feu d’artifice brésilien de Seu Jorge entouré de 10 musiciens, l’éclosion d’une grande voix du jazz Samara Joy, le génial featuring de MC Solaar pendant le concert de Waxx, le show engagé et fédérateur de Saint Levant ou encore le concert jubilatoire de Leon Bridges qui célébrait son anniversaire ce soir-là.
SCÈNES GRATUITES
Avec ses 600 activités réparties sur 13 scènes, le Festival concentre l’une des plus importantes offres gratuites du paysage culturel suisse. Une forte fréquentation a été constatée sur l’ensemble des scènes – que ce soit au Memphis, à la Coupole, à Ipanema, à Li Lo, à la Terrasse Nestlé, à la Super Bock Stage ou à la Spotlight Stage. Ce succès confirme la pertinence de la stratégie amorcée ces dernières années : proposer des scènes aux identités affirmées et complémentaires et concevoir la programmation gratuite avec la même exigence que les concerts payants.
Grande nouveauté de l’édition, la Spotlight Stage a rencontré un succès immédiat, affichant complet presque tous les soirs et générant de longues files d’attente. Soutenue par Julius Baer, cette scène extérieure incarne la marque MJF Spotlight, lancée en 2021 pour promouvoir les artistes émergent·e·s sur les plateformes digitales. Une dizaine de concerts y ont été filmés et seront diffusés tout au long de l’année sur les réseaux sociaux du Festival et des artistes.
Quant à la très attendue expérience Audemars Piguet Parallel, elle s’est tenue dans un cadre industriel spectaculaire, au sein de l’usine désaffectée de Chavalon, perchée sur les hauteurs du Chablais.