Montreux – LE SAVIEZ-VOUS?

Cette rubrique vous renseigne sur des sujets peu ou mal connus de MONTREUX.

Paru le: 21/10/2014

«SANS FAMILLE», ça se passe à Clarens !

Qui n’a pas lu dans sa jeunesse le livre “sans famille” d’Hector Malot? 
Mais saviez-vous que le merveilleux final du roman se déroule sur les hauts de Clarens près du chemin de la Nouvelle Héloïse ! – Il n’y avait visiblement pas que Rousseau qui appréciait ce lieu enchanteur – Ayant moi-même dû quitter une grand mère et un grand père adorable, pour retourner vivre auprès de mes parents, ce livre, dès le début de la première partie, me prit aux entrailles sans ne jamais plus me lâcher. Je m’y retrouvais en tous points et ne tardais pas à poser le visage de Mère Barberin sur celui de ma chère aïeule ! Alors, imaginez quelle ne fut pas ma stupeur, au final, de voir que quelque part ce roman rejoignait ma propre vie, en se dénouant à ce Clarens même, que j’adorais tant ! C’était comme un miracle, que les mots de Malot décrivant si bien la séparation et les tourments de la vie, se rejoignissent en ma propre existence !

Rémi ne cesse d’être confronté à ces incessantes affres, recherchant sa propre mère, se séparant de celle qui l’adopta, perdant tour à tour aussi l’artiste ambulant que fût celui qu’il suivit en battant la semelle des terrains de France.
L’endroit idyllique de la route des Crêtes, du chemin de la Nouvelle Héloïse, de celui de Madame de Warrens, qui m’inspira toujours tant, se voyait aussi le lieu de tous les bonheurs finaux : la réunion du Rémi devenu adulte, ayant retrouvé se petite Mère Barberin et la faisant vivre à ses côtés auprès de Madame Milligan qui s’avéra aussi être sa propre mère !

EXTRAITS DU FINAL DE HECTOR MALOT :
« (…) nous cherchons aux environs de Vevey, parmi les nombreuses villas qui, à partir du lac aux eaux bleues, s’étagent gracieusement sur les pentes vertes et boisées de la montagne, laquelle est habitée par Madame Milligan et Lise… (…)
(…) Après avoir consciencieusement visité les environs de Vevey, nous nous en éloignâmes un peu du côté de Clarens et de Montreux, fâchés du mauvais résultat de nos recherches, mais nullement découragés ; ce qui n’avait pas réussi un jour réussirait le lendemain sans doute. (…)
(…) Mais Vevey n’est point un petit village comme nous l’avions tout d’abord imaginé ; c’était une ville, et même plus qu’une ville ordinaire, puisqu’il s’y joint, jusqu’à Villeneuve, une suite village ou de faubourgs qui ne font qu’un avec elle : Blonay, Corsier, La Tour-de-Peilz, Clarens, Chernex, Veytaux, Chillon. (…)
(…) Tantôt nous marchions dans des routes bordées de murs de chaque côté, tantôt dans des chemins ombragés d’énormes châtaigniers dont l’épais feuillage, interceptant l’air et la lumière, ne laissait pousser sous son couvert que des mousses veloutées. A chaque pas, dans ces routes et ces chemins, s’ouvrait une grille en fer ou une barrière en bois, et alors on apercevait des allées de jardin bien sablées, serpentant autours de pelouses plantées ça et là de massifs et d’arbustes et de fleurs ; puis, cachée dans la verdure, s’élevait une maison luxueuse ou une élégante maisonnette enguirlandée de plantes grimpantes ; et presque toutes, maisons comme maisonnettes, avaient à travers les massifs d’arbres ou d’arbustes des points de vue habilement ménagés sur le lac éblouissant et son cadre de sombres montagnes.
(…) Quant à demander Madame Milligan, ou tout simplement une dame anglaise accompagnée de son fils malade et d’une jeune fille muette, nous reconnaissons bien que cela n’est pas pratique. Vevey et les bords du lac sont habités par des Anglais et des Anglaises comme le serait une ville de plaisance des environs de Londres. (…)
( … ) Vous devez dès aujourd’hui abandonner, vous et votre jeune ami, votre misérable existence. Dans deux heures vous vous présenterez donc à Territet, à l’hôtel des Alpes, où je vais envoyer une personne sûre vous retenir votre logement ; ce sera là que nous nous reverrons, car je suis obligée de vous quitter. (…)
(…) Comme elle nous parut belle, notre chambre ! elle avait deux lits blancs ; Les fenêtres ouvraient sur une vérandah suspendue au dessus du lac, et la vue qu’on embrassait de là était une merveille. (…)

Luciano Cavallini