Hommage à Etienne Delessert, dont la griffe perdure à Montreux
Nous avons rencontré Maria Ausoni, dont le mari Jean-Claude a été à l’école avec Etienne Delessert. Les compères se voyaient souvent et avaient fait un film ensemble pour la Croix-Rouge, dans le but de dénoncer les bas salaires des infirmières à Lausanne.
Un jour, Etienne a dit à Maria qu’elle avait les yeux d’un chat, ce à quoi elle a répondu «…mais je ne griffe pas». «Griffe», le mot magique était prononcé et le dessinateur est ainsi à l’origine de la griffe du magasin de mode. Quant aux chats, ils sont fréquents dans son œuvre qui compte plus de 80 livres – surtout pour enfants -, traduits en 14 langues. Honoré d’expos au Louvre, au Palazzo de Rome, à la Librairie du Congrès à Washington comme au Musée Olympique de Lausanne et dans d’autres lieux prestigieux en France, au Texas, à Beijing, il fut aussi un excellent affichiste, dessinateur de presse (dont Le Monde et le New York Times), créateur de spots publicitaires, de films d’animation (comme Yok-Yok pour la RTS et Supersaxo parti hélas en faillite; la Cinémathèque suisse dispose plus de 400 bobines de ses films).
Maria nous a confié que, suite au décès de sa maman peu après sa naissance, il en avait conservé une dent contre les meurtrissures de la vie, symbole qu’on retrouve dans son œuvre: griffes, pinces, crocs…
“J’ai eu neuf vies et deux chats. Tous deux siamois, féroces guerriers comme l’étaient leurs ancêtres, qui défendent le palais royal du Siam. Je tourne autour de la figure du chat comme on tourne autour d’un rocher, pour comprendre toutes les lumières qui le façonnent. Et j’aime révéler, dans le regard d’un animal, une profondeur presque humaine.” Etienne Delessert.
Après l’échec de Supersaxo, Delessert est parti aux États-Unis et n’est plus revenu.